lundi 1 février 2010

Des « passerelles » pour une coopération transfrontalière exemplaire - [Sidwaya]

Des « passerelles » pour une coopération transfrontalière exemplaire - [Sidwaya]
lundi 1er février 2010
Entrepris depuis 1990, les travaux du bornage de la frontière entre le Burkina Faso et le Mali, longue de 1 303 kilomètres, ont pris fin le vendredi 29 janvier 2010 à Hèrèmakono (localité située à 136 km de Bobo-Dioulasso, à la frontière entre les deux pays). La cérémonie de pose de la dernière des 1 071 bornes, a connu la présence d’une forte délégation burkinabè conduite par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Clément Sawadogo accueillie par son homologue malien, le général de division, Kafougouna Koné.
Une fête, cette cérémonie a été une. Des coups de canon, du balafon, du « djembé », des élèves et une foule nombreuse tout au long de la voie, chantaient l’amitié séculaire entre deux peuples unis par les liens de sang, l’histoire, la géographie et la culture.
A la suite du maire de la commune rurale de Finkolo au Mali, Siaka Traoré, qui a souhaité la bienvenue à ses hôtes, le chef du programme frontière de l’Union africaine, Aguibou Diarrah a félicité les deux pays pour cette expérience réussie en matière de délimitation des frontières et surtout l’excellence de leurs relations de coopération.
En Afrique, s’est-il justifié, seulement 25% des 80 000 kilomètres de frontière qui séparent les différents pays sont bornés. Héritées de la colonisation, ces frontières, souvent tracées au gré de l’intérêt du colon, ont généralement été sources de conflits et de différends frontaliers de tous genres.
Dans le souci de leur développement durable, il est temps, a dit M.Diarrah, que ces frontières séparant les différents Etats se transforment en véritable levier de l’intégration sous régionale.
Au moment même où l’Allemagne fête les 20 ans de sa réunification et de la chute du mur de Berlin, la coordonnatrice du projet frontière germano-africain de la GTZ, les ambassadeurs de la République fédérale d’Allemagne au Burkina Faso et au Mali, ont manifesté leur grande satisfaction et relevé l’extrême importance de l’aboutissement de ce processus de bornage de deux décennies.
De tels résultats sont pour eux, les leitmotivs de leur projet qui œuvre au règlement des litiges transfrontaliers dans plusieurs pays d’Afrique, à travers ses composantes que sont la démarcation et la délimitation des frontières, la coopération transfrontalière et le renforcement des capacités dans leur gestion. Dans ce cas précis, cet appui s’est donc traduit par un apport technique, financier et logistique au bornage des 414 derniers kilomètres.
Pour le ministre burkinabè de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, cette opération vise à garantir la paix, la sécurité et la coexistence harmonieuse entre les populations vivant dans les zones frontalières « à travers l’exercice d’une souveraineté nationale bien comprise par les deux Etats … ». Elle vise aussi à renforcer la coopération administrative par des actions initiées en synergie afin de lutter contre les maux auxquels sont toujours confrontées les populations frontalières.
Ces objectifs communément fixés, dira le ministre Clément Sawadogo, se sont traduits par la volonté affichée des deux pays d’enterrer la hache de guerre et de tourner définitivement les pages sombres de notre histoire commune suite au verdict de la Cour internationale de justice en décembre 1986 (concernant 278,71 km soit 201 bornes). Ils ont en outre, initié et signé un traité sur les 1024 autres kilomètres. Depuis 1990 donc, une équipe mixte d’abornement de la frontière (dont les charges budgétaires étaient partagées) a été mise en place pour 150 à 200 km par an.
« Le Burkina et le Mali ont démontré aux yeux du monde que malgré le caractère hautement sensible des questions de frontières et les passions qu’elles soulèvent parfois, ils peuvent par eux-mêmes gérer de façon pacifique les conséquences de cet héritage colonial », s’est-il réjoui. Sa satisfaction est d’autant plus grande que la frontière entre le Burkina et le Mali est la plus longue de toutes les autres qu’il partage avec ses voisins.
Son homologue du Mali, Kafougouna Koné quant à lui, voit dans la matérialisation de ce rêve une volonté de faire de la frontière un havre de paix, un facteur prépondérant pour la gestion partagée des ressources naturelles, le règlement des conflits liés aux pratiques agricoles et pastorales et celui des litiges résultant de la mobilité des populations vivant de part et d’autre de la frontière.
Les deux chefs de délégation ont salué le travail abattu par l’équipe mixte dont les techniciens ont su faire preuve d’abnégation et de courage, malgré les difficultés de tous ordres à savoir, entre autres, la mise en place tardive des budgets, les moyens logistiques vétustes et les difficultés de terrain. Tout en remerciant les populations frontalières pour l’hospitalité et les facilités accordées et leur disponibilité, ils les ont invitées à oublier les désagréments que les opérations de bornage ont pu causer.
Par ailleurs, l’entretien concerté des bornes demeure pour eux un souci permanent afin de faire d’elles, non des barrières entre les populations, mais plutôt un espace propice à la complémentarité, à la coopération et au développement. Et comme a conclu l’ambassadeur du Burkina au Mali, Sané Topan, « désormais les populations savent à quelle administration elles appartiennent et peuvent continuer à cultiver leurs champs, même étant de l’autre côté de la frontière ».
Jean-Marie TOE

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